A propos
Sophie Genin
Curieuse de nature et passionnée par l’art, la vue d’un restaurateur de peinture au travail, à l’âge de 14 ans, a tout de suite fait écho en moi.
J’ai choisi la formation proposée par l’ENSAV-La Cambre à Bruxelles. Lors de ma première année de Bachelier, j’ai eu un véritable coup de coeur pour la matière céramique. C’est donc assez naturellement que j’ai choisi cette matière ainsi que le verre comme spécialité. Ce choix a également l’avantage de me faire voyager dans le temps et dans l’espace par la diversité des objets produits.
Après avoir obtenu mon Master en conservation-restauration des oeuvres d’art, j’ai souhaité approfondir et élargir mes connaissances par un second Master, en Histoire de l’art et archéologie (ULB). J’ai choisi la spécialisation Musée et conservation du patrimoine mobilier, option art contemporain.
Faisant ainsi le pont entre mon année d’étude à l’ERG et ma passion pour la céramique, j’ai choisi comme sujet de mémoire: l’Etude de la création contemporaine en céramique à Bruxelles.
En parallèle de ce second cursus, j’ai fait mes débuts en tant que restauratrice au sein de l’atelier de conservation et de restauration Conservart. A la fin de mes études, en 2018, j’ai créé l’atelier Argile & Silice. Ce nom se rapporte aux deux matières principales d’une pièce en céramique ou en verre; l’argile pour la céramique et la silice pour le verre. Pour moi, la restauration permet aux objets de retrouver leur « essence » d’où ce choix de nom.
"Le rôle du Conservateur-Restaurateur est de préserver les biens culturels au bénéfice des générations présentes et futures. Il contribue à la compréhension des biens culturels dans le respect de leur signification esthétique et historique et de leur intégrité physique. Le Conservateur-Restaurateur a pour mission l’examen diagnostique, les traitements de conservation et de restauration du bien culturel et la documentation de ces interventions."
Mon approche du métier
À l’heure actuelle, le métier de conservateur-restaurateur n’est pas reconnu. Cela peut mener à des dérives qui font la une des médias et implique qu’il faut être vigilant lorsqu’on fait appel à un restaurateur.
Le rôle d’un conservateur-restaurateur est de ralentir le processus de dégradation d’une oeuvre afin de la partager et la transmettre aux générations actuelles et futures. Il ne s’agit pas de vouloir arrêter le temps car la patine participe à l’authenticité d’une oeuvre. Le conservateur-restaurateur contribue à améliorer la lecture, l’appréciation et la compréhension des témoins du passé. Cette profession fait le lien entre la chimie, la physique, l’histoire de l’art, l’artisanat et l’industrie. Bien qu’elle se distingue de la création (les céramiques ne sont pas recuites par exemple), il faut régulièrement faire preuve de créativité durant les traitements de par la diversité des problématiques.
Deux qualités qui me semblent importantes en plus de la méthodologie et la patience sont l’humilité et la prudence.
Une oeuvre n’est pas l’autre, il ne suffit pas d’appliquer une « méthode » pour que cela fonctionne. Il est parfois préférable de ne rien faire plutôt que d’aller trop loin dans un traitement. Les oeuvres, témoins du passé, sont irremplaçables et la matière originale doit être conservée au maximum. Des tests préliminaires sont nécessaires à la sélection des méthodes et des matériaux de restaurations qui doivent à la fois être compatibles avec l’oeuvre, stables dans le temps et réversibles.
Les connaissances sur les matériaux ne cessent de se développer. Le métier de conservateur-restaurateur tend à être de plus en plus scientifique grâce aux recherches et aux collaborations de professionnels passionnés. Les tests scientifiques peuvent apporter des éclairages, mais il est important de rester critique et ouvert, car même la science peut être remise en question. Il me tient à coeur de me tenir informée des dernières publications et de moi-même effectuer des tests avant d’appliquer un produit sur une oeuvre.